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Channel: Élections présidentielles Salvador 2009
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La veille des élections

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Nous sommes arrivés hier dans la communauté de Chalatenango, là où se trouve le Centro de votacion (centre de vote) que nous allons observer. Nous avons rencontré les membres de la Junte électorale municipale (JEM), qui nous ont fait visiter le centre de vote, et qui nous ont expliqué la manière dont se déroulera la circulation et de quelle manière les gens vont se présenter pour voter. On nous a appris entre autres que le Padron de busqueda (registre où les gens cherchent leur nom pour savoir à quelle table ils iront voter) sera présenté sur ordinateur, version électronique. De plus, le sens de la circulation sera inversé pour faciliter l’entrée dans le centre de vote, et aussi parce que les bureaux de l’un des partis se trouvait devant l’arrêt d’autobus. C’est la Junte électorale départementale (JED) qui a préparé le plan, puisque la JEM, composée de 2 membres de chaque parti, ne pouvait s’accorder sur la manière dont allaient se dérouler les choses.

Aujourd’hui, ce fut au tour des partis politiques. C’est là que nous avons pu prendre le pouls des deux camps sur ce qui selon eux nous devrions attacher une attention particulière. Les deux points les plus litigieux furent sans doute un barrage routier dans le canton de Guarjila et la décision d’inverser le sens de la circulation à Chalatenango le jour des élections.

Nous avions aussi deux questions à poser aux partis. D’abord, il faut savoir qu’au Salvador, le vote n’est pas résidentiel. C’est-à-dire que les tables de votes sont toutes regroupées dans un centre de vote et que toutes les communautés environnantes doivent se rendre à ce centre pour pouvoir voter. Par exemple, au centre de vote de Chalatenango, il y aura plus de 50 tables de vote regroupées dans un quadrilatère fermé à la circulation. Certains citoyens auront à se transporter sur plus de 20 kilomètres pour pouvoir exercer leur droit de vote. Nous avons donc demandé aux deux partis ce qu’ils pensaient de la possibilité d’un vote résidentiel. Nous avons aussi voulu savoir quelles mesures chacun d’entre eux allaient prendre pour amener les citoyens de leur cantons jusqu’à Chalatenango, puisqu’aucun transport public gratuit n’a été organisé par le Tribunal suprême électoral (TSE).

Le premier rendez-vous était donc prévu avec le maire de Chalatenango, M. Rigoberto Mejia, du parti ARENA. Nous l’avons rencontré dans le bureau du parti , situé à 100 mètres du centre de vote, tel que le prévoit le code électoral. Selon le président de la JEM, M. Mejia a remporté la mairie en janvier avec une majorité de 35 votes (90 selon la Croix rouge). M. Mejia avait plusieurs inquiétudes, entre autres en ce qui concerne l’inversion de la circulation et le barrage routier à Guarjila. Selon ses dires, cette mesure pourrait ralentir le processus et ainsi décourager certains citoyens de voter, puisque pour entrer dans la ville, les autobus devront monter la pente très abrupte que l’on descend normalement pour en sortir.

Pour ce qui est du barrage routier, selon M. Mejia les membres du parti FMLN bloquent la route de Guarjila en direction de Chalatenango depuis huit jours sous prétexte que des Honduriens viendraient pour voter. Bien que les gens n’y soient pas détenus, on demande systématiquement le document d’identification à toute personne voulant passer, ce qui selon lui n’est pas conforme à la loi électorale. Pour M. Mejia, c’est aussi une forme d’intimidation contre les militants arenistes. Pour la question du vote résidentiel, M. Mejia croit que ce serait une bonne option puisque c’est plus facile pour les urnes de se rendre là où les gens vivent que l’inverse. Pour pallier au fait que les gens doivent se déplacer, le parti ARENA a prévu différents moyens de transport, comme des autobus, des micro-bus, des taxis et des camions.

Ce fut ensuite au tour du parti FMLN, qui se trouve aussi à 100 mètres du centre de vote, mais dans la direction opposée, pour éviter, selon la JEM, toute confrontation le jour des élections. La discussion fut centrée essentiellement sur les mêmes points. C’est d’ailleurs Mme. Suyapa Ortega, coordonnatrice de l’observation électorale au sein du FMLN, qui est allé de l’avant avec ses inquiétudes au sujet du vote étranger. Selon Mme. Ortega, plusieurs Honduriens sont inscrits illégalement au registre électoral et détiennent un document d’identification qui leur permet de voter. C’est pour cette raison que des partisans du FMLN du canton de Guarjila ont établi une vigile citoyenne pour empêcher les Honduriens de se rendre au centre de vote. Puisque qu’à la frontière, les douaniers ne font pas ce travail, Mme. Ortega estime nécessaire que les citoyens le fassent. Elle ajoute qu’une campagne a été menée aux Honduras avant la période électorale pour décourager les honduriens de venir voter au Salvador et ainsi laisser aux salvadoriens le soin de décider pour eux-mêmes. Elle ajoute également que depuis deux jours, la police nationale a pris part à l’opération pour qu’elle se déroule pacifiquement. Au sujet de l’inversion du sens de la circulation, Mme. Ortega est d’avis qu’aux dernières élections, les gens descendaient des bus devant le bureau d’ARENA. Elle soutient que les arenistes les faisaient entrer, leur offrait des rafraîchissement et procédaient à l’achat de votes. C’est pour cette raison que le FMLN a revendiqué que cette situation se résorbe.

Au sujet du vote résidentiel, Mme. Ortega partage l’avis de M. Mejia, puisque comme lui elle pense que le vote serait beaucoup plus accessible si les urnes étaient situées dans chaque communauté. Pour ce qui est du transport, il est difficile d’en évaluer le nombre, mais le FMLN a organisé différents moyens dans chaque municipalité, et on se fie aussi sur la solidarité entre citoyens. Elle ajoute que le parti ARENA a tenté de décourager certains transporteurs de se rendre dans les zones dites rouges (qui votent pour le FMLN).

Dans l’après-midi, nous avons visité une organisation dans Guarjila, qui nous a décrit en profondeur l’opération que les deux partis appellent soit barrage routier ou vigile citoyenne. Si on ne sait pas dans quel camp la balle s’arrêtera, on sait que pour l’instant, elle est dans celui des citoyens. Et chacun des deux partis s’entend pour dire qu’ils préfèreraient que les élections aient lieu dans le calme et sans violence. Que le peuple décide!

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